Dans l’état actuel de la création artistique en général et photographique notamment , avec la suppression des Festivals de l’été ou leur virtualisation et dans l’attente d’une nomination à la direction des Rencontres d’Arles nous soutenons l’initiative de Photo Doc pour l’avenir de cette manifestation dans une logique de plus grande ouverture
Au vu des circonstances exceptionnelles que nous traversons et au moment où les Rencontres d’Arles cherchent une nouvelle direction, Photo Doc propose d’engager une réflexion visant à ce que la programmation des prochaines Rencontres soit davantage en correspondance avec son statut de premier festival de la photographie et en concordance avec les changements qu’imposent notre époque.
Dans cette période de bouleversements liés à l’anthropocène, nous tous signataires, manifestons ici notre souhait de voir advenir un événement international « photo-responsable » à la hauteur des enjeux sans précédents auxquels nous devons répondre, tels que préserver la liberté d’expression, encourager la diversité, développer la solidarité, affirmer notre responsabilité vis- à-vis des écosystèmes et respecter l’environnement.
Nous appelons de nos vœux l’émergence d’un festival où, en relation avec des pratiques créatives inter-et-multidisciplinaires la reconnaissance du pouvoir de l’autre, la force de l’altérité ne soient plus seulement de grands principes mais réellement le terreau des nouvelles écritures photographiques du XXIe siècle représentatives d’une société solidaire qui défende nos fondamentaux.
Il est temps de sortir l’image de son aura de mystère pour en faire une affaire publique qui concerne chacun, de redonner toute sa place à la puissance du vécu et du sensible, d’être dignes d’une photographie qui nous interpelle et nous sollicite en conscience.
Parce que nous connaissons le pouvoir de transformation de la photographie, nous demandons aujourd’hui à ce qu’un esprit responsable, citoyen et engagé préside aux prochaines Rencontres d’Arles, et que chacun, auteurs, commissaires, visiteurs, y prenne sa part.
Sans exclusive ni exhaustivité, voici quelques actions qui nous paraissent nécessaires pour porter le projet que nous défendons :
Faire de la co-construction le moteur stratégique de l’événement
Définir une thématique pour chaque édition via le recours d’appels à projets. Créer un jury de sélection international.
Privilégier les artistes vivants dans la programmation.
Affirmer la place et la puissance du féminin.
Réactiver des accords avec les associations, actrices de la relation de proximité et représentantes de la diversité des pratiques photographiques.
Multiplier les échanges avec les événements parallèles pour favoriser l’émergence de nouveaux talents.
Mettre en place des partenariats avec d’autres festivals (comme Avignon) afin d’accueillir ou de proposer des spectacles (théâtre, danse, concerts) investissant l’acte photographique, en lien avec la programmation des expositions. Multiplier les échanges interdisciplinaires tout au long de l’année (arts vivants / photographie / vidéo / sciences pures ou sciences sociales) à travers des bourses ou des résidences.
Adopter une attitude éthique et éco-responsable à tous les niveaux d’organisation du festival.
Approfondir et diversifier les échanges
Réunir autour de chaque exposition l’ensemble des acteurs ayant participé au développement du projet photographique depuis sa création.
Accompagner les expositions d’espaces d’échanges où puissent se transmettre les expériences des différents acteurs.
Etablir une relation et un dialogue avec la recherche lors de conférences au Théâtre Antique, où chercheurs en sciences humaines, philosophes, économistes, seront conviés à exprimer leur regard sur les travaux photographiques exposés et à échanger avec le public.
Donner à partager l’expérience photographique autrement, par des performances scéniques, lectures, mises en espace offrant une restitution de l’interaction photographique dans toutes ses dimensions.
Repenser l’action des Rencontres
Fournir expertises et conseils au service de projets photographiques futurs ou en cours, par l’intermédiaire d’une « conciergerie » reliée aux forces vives programmées ou en visite le temps de l’événement ; l’idée étant de rendre accessible l’ensemble des savoir-faire en présence pour déboucher sur de nouvelles collaborations et modes de production.
S’appuyer pour ce faire sur les possibilités des technologies de communication (par exemple à travers un réseau numérique dédié) pour offrir un espace de partage et d’échange d’information et de relations qui redonne tout son sens au mot « rencontres ».