La revue Artension s’est profondément modifiée depuis le début de cette année grâce aux initiatives de Françoise Monnin à la tête de sa rédaction. Certes les parti-pris autour de l’art brut et des singuliers de l’art restent le fonds de commerce de la publication mais des dossiers bien préparés et des auteurs concernés par une esthétique moins datée y trouvent aussi leur place. Pour ce numéro 104 de ce début novembre la question traitée en dossier nous intéresse tout particulièrement : « A quoi servent les critiques d’art ? ».
Le dossier s’ouvre sur un historique un peu scolaire mais utile signé par Sarah Pellé rappelant les origines littéraires de la critique d’art . Françoise Monnin s’attache à dresser’ un panorama de l’état de la critique au XX° siècle où elle rend ce que l’on doit à André Parinaud, Pierre Restany, Gérard Xuriguera ou Pierre Descargues. Christophe Averty invite ensuite un collège de collègues à une autocritique, les six membres conviés à cet exercice sont très représentatifs de la diversité des supports : Harry Bellet et Le Monde, Henri-François Debailleux pour Libération, Olivier Céna pour Télérama, Christian Noorbergen au sein de la revue maison, Alin Avila pour Area et Marc Lenot seul représentant internet avec son blog Lunettes Rouges. Si nous regrettons de n’avoir pas été mentionnés ces deux derniers sont des partenaires avec lesquels nous entretenons échanges et collaborations.
Dans leurs propos on retrouve l’aveu d’une certaine impuissance face au Marché sur lequel la critique n’a pas de pouvoir réellement incitateur. Et la nécessité d’un engagement des plus complets au service des artistes auxquels on croit. Yacouba Konaté président mondial de l’Association Internationale des Critiques d’Art ouvre encore le propos en évoquant attaques et censures. On se souvient que l’AICA est revenue sur sa position d’il y a plusieurs années de séparer critique et commissariat d’exposition, ce point de vue se trouve ici aussi défendu. Françoise Monnin en proposant un concours critique pour le Salon MAC 2010 qui doit se tenir à la Porte Champerret du 25 au 28 novembre prouve ainsi son engagement.
Mais les dernières pages du numéro voient ce travail d’approche professionnelle totalement gâché par un brûlot imbécile et profondément réactionnaire issu d’un envoi mail anonyme. Nous l’avions reçu et mis à la poubelle de l’histoire de l’art. Ce qui est grave c’est encore une fois la confusion des genres et la perte des usages et des valeurs. Le mail doit demeurer dans la sphère privée, lui donner valeur de tribune c’est se réduire au niveau de médiocrité médiatique des buzz. Pourquoi avoir confié trois pages sur « les schtroumpfs émergents » à cette personne lâchement cachée sous son pseudo débile, nicole esterol, Elle (il) s’attaque notamment aux écoles d’art d’où elle (il) a du être refusé(e) comme étudiant(e), ou enseignant(e) et ignoré(e) en tant que juré des diplômes d’enseignement supérieur où des professionnels compétents sanctionnent les trois ou cinq ans de recherche au service d’une pédagogie du projet.
Au moment où l’université tente via la commission de l’AERES, et au nom de la reconnaissance des diplômes au niveau master 2 de formater les recherches en les réduisant à de purs exercices intellectuels de rédaction d’un mémoire codifié, au moment où des menaces contre les plus petites écoles au nom de la rentabilité remet en question leur existence comme celle de beaucoup d’autres lieux de diffusion actifs sur le terrain, donner importance à des propos aussi viles est inadmissible. Ces attaques sans fondement contre un artiste subtil et engagé comme Francis Alys ne méritent que dédain. Ces propos fielleux et revanchards ne constituent pas une critique mais des ragots et des dénonciations que le retour de la réaction politique décomplexée autorise aujourd’hui.
Nous attendons une réaction de la rédaction d’Artension pour démonter le mal fait dans cette publication. Françoise Monnin en consacrant des dossiers à des artistes comme Sandra Martagex ou Marine Joatton sorties des écoles d’art ou en mettant en valeur le formidable sculpteur Stephan Balkenhol formé dans ce circuit et y enseignant contredit déjà les propos de cette porteuse de maladie telle que l’athérosclérose et les cardiopathies. Nous savons soigner ces attaques, les écoles d’art fournissent d’excellents contre-poisons théoriques et pratiques.