Spacescapes Danse & dessin s’appuie sur le retranscription des actes du colloque « J’aime penser sur mes pieds/ Danse et dessin depuis 1962 » qui s’est tenu à l’université de Genève en 2012. Sarah Burkhalter et Laurence Schmidlin qui l’ont dirigé y explorent le corps créatif en lien aux arts visuels et performatifs. Posant la question :
« quelle topographie temporelle dans les écritures figuratives de la danse ? » elles veulent analyser ce qui réunit le corps et la figure, l’empreinte, le geste et l’espace . Cela suppose d’ interroger aussi la présence de la danse dans les lieux d’arts pastiques.
L’ouvrage s’ouvre sur deux entretiens Yvonne Rainer du côté de la danse et Robert Morris , pour le minimalisme au service de la performance et de pièces chorégraphiques indépendantes.
Dans l’histoire les rapports du dessin à la danse se sont d’abord manifestés comme outil de notation. On trouve donc la traduction d’un essai de Gabriele Brandstetter sur Les écritures figuratives de la danse : entre notation diagramme et ornement. A partir d’exemples inédits ou d’autres déjà développés dans l’expo de Marseille Danse Tracée, son analyse se termine sur la célèbre pièce de Warhol : Dance Diagram : Tango de 1962.
Ce sont ensuite très logiquement deux études consacrées à Trisha Brown qui reviennent sur Roof and Fire Piece de 1973 et Locus (1975) que la chorégraphe lia à sa trouvaille d’un loft. La « partition » se présente comme « le diagramme d’un cube numéroté de 27 points, soit de un à 26, le point 27 étant l’espace entre les mots ». La référence implicite à l’alphabet inaugure cette écriture dessinée qui sera sa marque.
Ce sont ensuite deux artistes créateurs de dispositifsproduisant du dessin dont les recherches sont analysées. Katrin Gattinger mène d’abord un entretien avec Alan Storey créateur de « machines à dessiner » autour d’une pièce de 2008 Drawing the Movements of a Ballerina , interprétation des Quatre Saisons de Vivaldi. L’imposante machine de 2 mètre par 3 surplombait sur scène la danseuse captant ses mouvements par le dialogue entre les diodes qui l’équipaient et une captation infrarouge. Magali Lemens analyse ensuite les différentes propositions de tracés du mouvement par Laetitia Legros.
La partie Explorations revient ensuite sur deux exemples historiques fondateurs Anna Halprin et le Judson Dance Theater dans ses liens aux arts visuels à travers des individualités comme Robert Raushenberg, Robert Morris ou Carolee Schneemann.
Julie Enckell Julliard étudie quant à elle , grâce à un essai et à un entretien, le rôle du dessin chez Anne Teresa de Keersmaeker : « visualiser les vides et mesurer la terre ».
Le chorégraphe américain Mark Franko qui a renouvelé la danse baroque dans son pays
explore la rencontre entre Francis Bacon, William Forsythe et Peter Welz. Face à la dernière œuvre du peintre restée inachevée deux écrans reçoivent le film que le cinéaste a réalisé du danseur vêtu de noir sur fond blanc.
Cindy Van Acker se préoccupe des lignes et des matières qu’elle organise aussi bien sur les costumes de ses danseurs que sur le plateau, elle collabore pour cela avec un plasticien comme Victor Roy et prolonge ses recherches en les faisant documenter par une cinéaste Orsola Valenti qui dans Les films 6/6 zoome sur ses soli.
Laurence Schmidlin analyse le lien qu’autorise la photographie entre la décomposition du mouvement et la composition d’un dessin qui en résulte. Elle étudie à ce sujet les œuvres de la portugaise Helena Almeida ou la célèbre série Men in the cities de Robert Longo. Elle nous permet de découvrir aussi des travaux moins connus comme les images performatives de Hilka Nordhausen. La double production dessin et chorégraphie de Trisha Brown s’affirme avec It’s a Draw de 2002.
Déjà évoqué dans l’étude précédente, le travail du performer Robin Rhode est développé grâce à l’entretien que mène avec lui Anna Lovatt : « Le temps ne s’arrête pour aucune ligne ». Les mêmes préoccupations se développent grâce au multimédia avec le collectif d’art numérique OpenEndedGroup