Si la période des avant-garde, des écoles se succédant est bien finie, au XXI° siècle la scène artistique est cependant marquée par des alternances de périodes successives plus ou moins longue avec le retour en vedette de pratiques artistiques différentes. Il est vrai comme le faisaient remarquer nos collègues de Paricules que l’art français est trop souvent représenté à l’international par des installations à caractère expressionniste au détriment d’autres arts. Si l’on en juge par la récente excellente édition d’Art Paris certaines pratiques étaient peu représentées. La vidéo était quasi totalement absente.
On y constatait un recul de la photographie, si ce n’est dans ses variantes les plus arty : clichés préparatoires de Robert Longo pour « Man in the cities » fragiles diptyques récents d’Anne et Patrick Poirier et remarquables photo-sculptures d’Andy Goldsworthy. Quant aux pratiques numériques expérimentales elles étaient représentées de façon magistrale par Tom Drahos. Si la sculpture n’était pas massivement présente elle donnait lieu à une œuvre remarquablement troublante , les clones humains huile sur résine du chinois Choi Xoang chez Albert Benamou.
Au début du mois de novembre succéda à Art Paris cette semaine du dessin qui depuis quelques années marque le retour massif de cet art. Pas moins de quatre salons de haute qualité comme l’ex Slick devenu Chic dessin partenaire du Salon du Dessin à la Bourse, Il a gardé le cap de l’exigence. L’un des points forts était certainement le dialogue des œuvres de Pat Andréa et de son fils Mattéo avec deux esthétique puissantes et complémentaires, entre érotisme et violence.
Le salon du dessin contemporain installé cette année dans l’aile gauche du Carrousel du Louvre y accueillait 66 galeries de haut niveau. Différents dialogues de haute tenue s’y trouvaient mis en place comme les structures génératives de Bryon Gysin entrant en synergie avec un sublime dessin proliférant du regretté Bernard Réquichot chez Véronique Smagghe. Chez Samantha Sellem Velickovic poursuivait sa quête de la violence faite à l’homme. Une même conception d’un dessin de fiction noire anime tous les artistes de la galerie Zinc de Berlin. On peut y apprécier le talent de conteur de Gregory Forstner qui trouve chez la japonaise Fumie Sasabuchi un répondant plus bd, des pages de magazine de série B sont délavées avant d’être retouchées d’ajouts organiques pour que la peau laisse voir l’os. Retravaillant lui aussi des pages de manuscrit anciens Favier poursuit sa quête expressionniste des très petites formes. Bruno Carbonnet chez Art Attitude proposait des mélanges dessins et phototypies d’une haute portée poétique. Si les dessins assistés par ordinateur étaient peu nombreux on ne pouvait qu’apprécier les érotiques de Frédéric Lecomte ou ceux produits sur rhodoïd par Philippe Caurant chez Poggi et Bertoux associés.
Ce dialogue entre dessins historiques de très haute tenue et contrepoints actuels se poursuivait à la Bourse. A côté de petites merveilles du Partmiggiano ou de victor Hugo il était heureux de retrouver des productions toujours aussi dérangeantes de Louise Bourgeois . Et l’on ne pouvait qu’apprécier que dans ce cadre le prix de la fondation Guerlain revienne à l’excellente production technologique de Catharina Van Eetvelde représentée par lma galerie Anne Barrault.
Par delà l’incontestable succès de cette semaine du dessin la réussite d’Art Paris s’est manifestée surtout par la remise en question de ces prédominances d’une seule pratique. La quête du sens qui trop souvent fait défaut à nos initiatives françaises était prise en compte à la fois par l’équilibre imposé entre une partie monographique et le dialogue avec les autres artistes . ce dialogue s’est doublé de celui organisé grâce aux invitations de galeries et d’institutions étrangères donnant son titre à la foire « art paris + guests ». Enfin le regroupement de certaines galeries sous l’égide d’un commissaire a renouvelé totalement cette géographie souvent trop parcellaire.
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