C’est un écran qui est là, on dirait un trou que la camera fixe sans jamais se départir. Un écran donc et voilà deux hommes qui se chamaillent ou plutôt deux hommes en lutte, se mesurant au corps à corps et qui font fi de cette fenêtre-écran comme s’ils y étaient derrière sans se préoccuper de ce qui se passe devant.

C’est une lutte à laquelle ils se livrent, c’est une lutte qui est là et non un spectacle, même si nous, devant, nous en sommes les regardeurs.
On voit les bras des combattants, le haut de leurs corps seulement. Ils sont deux s’agrippant l’un l’autre, puis un disparaît, puis les deux pour revenir ensuite et continuer la joute.

Comme plusieurs notes tressées pour n’en faire qu’une, c’est aussi un bruit que l’on entend, en continu et qui, pareil aux actions des protagonistes, s’interrompt, s’efface pour réapparaître ensuite, inchangé, invariable.

C’est du cinéma qui est là, celui d’Aurélie Garon : du bruit cou coupé et des images, la rencontre de toutes les métamorphoses possibles, le lieu même de l’imagination.