Rain Drum, une anthropologie rêvée

« Rain Drum » est une série de photographies mises en scène dans une approche anthropologique créée par Delphine Gatinois née en 1985 à Reims. Elle vient d’être exposée en septembre à la galerie Remp-arts de Durban-Corbières dans l’Aude. Elle comprend des tirages argentiques , des textes ainsi que des dessins et des textiles. Elle scénarise les rapports entre l’homme et la nature.

Delphine Gatinois fait partie de ces jeunes artistes qui ont profité au mieux des enseignements des écoles d’arts en France pour construire lentement leur projet artistique, diplômée de l’École de l’image d’Epinal, elle a étudié aussi à l’École Supérieure d’Art de Metz Métropole, puis à l’ESADS de Strasbourg. Cette artiste champenoise qui utilise aussi bien l’argentique que le numérique travaille entre l’Afrique de l’Ouest et le Mexique.

Cet ensemble est constitué de deux séries, la plus ancienne Proies comprend 15 tirages datés de 2011à 2014 tandis que Les génies n’en compte qu’une dizaine produits ensuite entre 2013 et 2015 et accompagnés de textes. L’artiste produit différentes installations in situ où elle met en scène des masques végétaux qu’elle détruit après les avoir photographiés. Le règne végétal est dominant en Afrique de l’Ouest où certains rituels mettant en scène arbres et forêts sacrés pour révéler les divinités qu’ils dissimulent .

L’ensemble avec une réelle force visuelle tend à dévoiler cette force mystique du monde végétal où s’affronte les forces contraires des proies et des génies. En se servant de la métamorphose, dans le mélange d’images noir et blanc et couleurs l’artiste sait donner une existence à l’étrange, au mystérieux et au merveilleux.

L’intérêt formel de ce travail réside aussi bien dans ses protocoles performatifs que dans sa capacité purement photographique qui se révèle autant dans la rigueur des cadrages que dans les traitements surgissants des lumières et la gestion subtile des couleurs.

D’autres objets complètent ces récits photos et textes, un costume de pluie accroché sur un bâton, un tambour de pluie effrangé de tissus qui nomme le projet ou une petite sculpture votive et même le fragile assemblage d’une plante lierre panache.

Effaçant ainsi les frontières entre réalité et illusion elle nous donne à rêver ces rituels anthropologiques où les humains peuvent entrer en synergie avec la nature.