RASHID RANA : Histoire d’une rencontre, perpétuelle correspondance

« En ces temps incertains, nous avons perdu le privilège d’avoir une vision du monde sans équivoque. Aujourd’hui, chaque image, chaque idée ou chaque vérité comprend en même temps son contraire » Rashid RANA, Perpétuel paradoxe jusqu’au 15 novembre 2010 au Musée Guimet, à Paris.

Le musée Guimet présente pour la première fois en France, les œuvres de Rhasid RANA, considéré comme le plus grand artiste pakistanais contemporain. Perpétuel paradoxe s’organise autour d’une vingtaine d’œuvres de l’artiste : montage de photographies numériques, sculptures, montage vidéo. Confronter l’art contemporain, l’exposer au milieu de la collection permanente du musée constituée d’œuvres asiatiques millénaires, c’est aussi faire le choix scénographique de raconter l’histoire particulière d’une rencontre entre l’abstraction et les traditions, créant de ce fait une perpétuelle correspondance, une lecture à la temporalité multiple.

Réalité kaléidoscopique de la planète, les œuvres de RASHID RANA sont belles et paradoxales. Depuis une dizaine d’années, cet artiste peintre à l’origine, a choisi de travailler l’image digitale. On les entendrait presque dans un froissement.

Des mondes différents se juxtaposent, se croisent, se broient dans un espace planifié par le rectangle de la toile. Couleurs. Sculpture Miroir. On a envie de se protéger de la foule pixellisée, ou de s’y mêler, envie de s’y promener ou de fuir… Envie de caresser le tapis, bien que l’œil soit troublé par le sang rouge, et qu’il s’approche hésitant pour chavirer vers un monde dérangeant, où le pixel révèle des photographies numériques de corps, multitude de touches.

Grains de peau d’images rectangulaires devenues tridimensionnelles dans leur vastitude. L’œil se déploie regard.

La scénographie, simple et efficace offre un parcours au visiteur et permet la rencontre entre les sculptures millénaires pakistanaises, l’exposition « Pakistan- Terre de rencontre-( Ier-VIème siècles les arts du GANDHARA » étant en cours jusqu’au 16 août 2010, et les tableaux, les sculptures d’images digitales de ce monde contemporain que nous offre à voir RASHID RANA . Et l’espace du musée Guimet s’enrichit. Il devient certes un écrin jusqu’au 16 août 2010, cette exposition se déroulant également au sein des collections permanentes du musée, mais surtout il se pare d’une temporalité universelle, cyclique. On ignorerait presque les frontières des époques. Témoignage visuel d’un voyage intersidéral au-delà du temps, car la beauté côtoie le dérangeant. Un regard extatique naît. Envoûtant. Par delà les siècles, la rondeur des dieux asiatiques, intercesseurs métaphysiques, danse sur la partition du travail artistique de cet artiste qui vit et travaille à Lahone.

Rashid RANA accède non pas à une esthétique pure, mais à une spiritualité rugueuse, vertigineuse parce que verticale.