Toutes les semaines, le prix d’une œuvre d’art atteint des records. Dans la presse, l’argent est devenu le seul critère de reconnaissance. Pour ceux qui aiment, pour les artistes, les collectionneurs et même pour les institutions, l’art dont on parle, retranché derrière ses millions, paraît inatteignable.
Tenter l’expérience d’un art dégagé de l’argent, c’est rallumer le feu d’une passion.
Pat Andrea produit lui-même son fusain, en installant dans le vaste espace d’area un feu, qui brule tout au long de la manifestation. C’est avec ce charbon qu’il trace sur les murs les figures de son imaginaire : de grands personnages érotiques et inquiétants, des figures féminines et masculines qui chancèlent dans un huis-clos mural. Le geste évoque les premières peintures murales, le feu invoquant directement la magie passée, et toujours si vive, des grottes de Lascaux et de Chauvet.
Qu’est-ce que l’argent pour l’art ?
Si la relation entre ces deux entités est loin d’être nouvelle, la mondialisation, pas plus récente d’ailleurs, et la médiatisation ont exacerbé les liens entre économie et art. À l’heure où l’art semble d’abord avoir valeur en tant qu’équivalent-argent et que les nombreuses foires ont démontré l’emprise du marché de l’art sur l’art, et non son contraire, la revue area et l’artiste Pat Andrea s’associent dans le but de proposer une action artistique militante.
Pat Andrea réalise un mural gratuit et éphémère au charbon de bois sur les murs de la galerie.
Gratuit car ce n’est pas une œuvre à vendre, mais bien un geste gratuit au sens latin du terme gratuitus, c’est à dire désintéressé.
Éphémère, car l’œuvre amenée à disparaître ne pourra pas être récupérée malgré tout par le marché de l’art et ses institutions. Il faut que de cette disparition programmée de l’œuvre naisse un questionnement sur la monétisation outrancière de l’art.
Quel meilleur moment pour relancer ce débat que la foire Art Paris 2013, qui comme toutes les grandes foires, place au cœur de ses préoccupations les questions des réévaluations et des découvertes : du buzz culturel au buzz financier, la dichotomie ne semble plus si évidente.
Peut-on créer une situation d’art débarrassé des logiques de l’argent ?
Pat Andrea répond par son travail à la demande d’Alin Avila.