Saison artistique et festival des jardins au Domaine de Chaumont-sur-Loire

Cette année, à l’occasion de la quinzième édition de la Saison d’art au Domaine de Chaumont-sur-Loire, les œuvres provoquent des expériences d’émerveillement et inspirent à prêter attention envers la beauté d’une nature, à préserver. Chantal Colleu-Dumond poursuit sa ligne artistique, propose à des artistes de revenir exposer au domaine et donne la possibilité à d’autres d’investir un des espaces par une nouvelle création spécifique. Durant un été troublé par les fortes chaleurs, les expositions constituent des lieux de refuge et de pensées et l’art conduit à réfléchir à notre environnement.

Dans l’asinerie, Lélia Demoisy présente, dans un cabinet de curiosités, un ensemble de sculptures réalisées à partir d’associations de matières récoltées, où animal et végétal sont associés. Ses pièces, qu’elle nomme Possibilité invitent à la réflexion et une certaine étrangeté en émane également. L’artiste voue une empathie envers le vivant et regarde avec attention les formes et les architectures des arbres qu’elle travaille avec le plus grand soin. Stéphane Guiran revient au domaine avec une installation face à laquelle nous sommes incités à prendre le temps d’écouter, de méditer. Dans la Galerie basse du Fenil, Le chant des Ormes a pour origine la réflexion de l’artiste sur notre relation à cet arbre qu’on a domestiqué, désormais fragilisé. Un chant est porteur d’espoir et incarne la mémoire de ses êtres vivants récoltés. L’installation Matière-Lumière d’Evi Keller propose elle aussi une expérience contemplative. Des formes organiques et une silhouette se livrent au regard en fonction de notre déplacement. L’artiste révèle la puissance de la lumière à partir de film plastique, témoin de l’anthropocène. Son œuvre se vit tel un moment où ressentir la transformation et les interactions entre les éléments naturels.

Dans le parc, Réservoir, installation de John Grade, se modifie au gré de la pluie, si rare actuellement… D’une prouesse technique et d’une grande finesse, l’œuvre d’apparence cinétique nous engage à réfléchir à la préservation de l’eau, enjeu dont nous ne pouvons plus passer à côté. Flux d’Alison Stigora, entre les écuries et le château, composée de bois brûlés, fait écho au paysage du fleuve, à l’enracinement des arbres autant qu’à leur élévation vers le ciel.
Les installations délicates de Christiane Löhr prennent place dans les espaces de la Galerie du Porc-Epic, ceux de l’Office et de la Tour du Roi. Ses architectures gracieuses nous engagent à regarder la nature de près, à découvrir la beauté de végétaux, fragiles et légers. Ponctuant les salles du château, les sculptures de déesses de Françoise Vergier relient corps féminin et paysage. Elles s’inscrivent de manière subtile en relation avec l’architecture, le décor et le mobilier.

Cette année, une galerie numérique est inaugurée avec les œuvres de Davide Quayola, entre référence à la peinture impressionniste et décomposition de la couleur. L’artiste nous convie à observer la nature qu’il a photographié dans les jardins du domaine.

Pour les trente ans du festival des jardins, à une période où il devient de plus en plus urgent de repenser les manières de concevoir le jardin, le thème est « Jardin idéal », une question au cœur des enjeux actuels liés à l’urbanisation, au changement climatique ainsi qu’au désir de nature et de reconnexion avec celle-ci.

Enfin, le temps passé à regarder, à comprendre le cycle de la nature offre une parenthèse d’espoir pour songer au futur des jardins et des paysages. Nouveauté également en cette année 2022, les rencontres mensuelles intitulées « Les Conversations sous l’arbres », des dialogues autour de l’art, du paysage, de la nature et de l’environnement.