Sculptures et installations à l’honneur dans une demeure et son jardin.

Depuis 2011, la Fondation Villa Datris a accueilli une dizaine d’expositions dans lesquelles la sculpture sous toutes ses formes était mise en scène. Pour célébrer ses dix ans, « Sculptures en fête » réunit des sculptures selon différentes thématiques, en écho à de précédents accrochages. En parcourant la Fondation, des œuvres résonnent entre elles tant par les sujets, les matières qui les relient que par les expériences esthétiques qu’elles proposent. L’exposition offre un généreux aperçu de la sculpture contemporaine et des manières dont les artistes n’ont de cesse de réinventer les formes en utilisant toutes sortes de matériaux et en s’inventant des gestes pour les travailler. Celles ou ceux qui ont vu les expositions qui y furent organisées et ensuite présentées autrement à l’espace Monte Cristo, à Paris, peuvent établir de nouvelles relations entre les œuvres. Connaissant ce lieu d’exposition parisien, j’ai visité la fondation pour la toute première fois et fus stupéfaite de la richesse de ses collections. Elle reflète les goûts des fondateurs Danièle Kapel-Moscovici et Tristan Fourtine, leurs choix d’artistes rencontrés au fur et à mesure des années.

Les curateurs Danièle Kapel-Marcovici, Jules Fourtine, Pauline Ruiz et Stéphane Baumet ont associé les sculptures, acquises au fil des expositions, de 126 artistes du XXe et du XXIe siècle selon des thématiques assez ouvertes. « Il s’agit de faire dialoguer les œuvres soit par mouvements artistiques (Support/Surface, Art Cinétique, Op Art) soit par thèmes (la nature, les animaux, le tissage, l’architecture…). » témoigne Stéphane Baumet.

Une première salle est consacrée aux sculptrices qui utilisent des techniques et des savoir-faire qui les unissent. Certains travaux d’Awena Cosanet, de Caroline Achaintre… des expositions Sculptrices en 2013 et Tissage tressage en 2018 se retrouvent ici et se répondent. Ensuite, des œuvres sortent du cadre, comme celles de Claude Viallat, Daniel Dezeuze, Pierre Daquin. L’art optique constitue une part importante de la collection et fut présenté lors de plusieurs expositions. On peut vivre des expériences visuelles qui impliquent notre déplacement en prenant le temps de contempler les œuvres d’Agam…

À l’étage, une section est consacrée aux relations entre architecture et sculpture. Les œuvres nouvellement accrochées et mises en relation reflètent également le goût de Tristan Fourtine, l’un des créateurs de la Fondation. On peut y découvrir les œuvres de l’artiste Vera Rohm, de Soto… Certains artistes développent un univers qui nous invite à rêver et à imaginer de nouvelles manières d’habiter le monde, Tadashi Kawamata… La nature est source d’inspiration pour les sculpteurs. Certains posent des questions et sollicitent notre conscience envers les problématiques environnementales. D’heureux dialogues entre des artistes, Marinette Cueco aux côtés de Laure Prouvost, se découvrent alors. Cet intérêt pour le vivant se poursuit avec la présence de l’animal dans les œuvres de la collection, sculptures de Sebastien Gouju, de Katia Bourdarel…

Le parcours de visite continue au rez-de-chaussée pour contempler des œuvres vidéo, plus récemment acquises et d’autres qui convoquent l’architecture comme celle de Denis Pondruel.

Des sculptures sont également à découvrir dans le jardin : Un dialogue entre art et végétation, où la lumière du sud ponctue notre déplacement et joue sur notre perception de celle-ci. « Le jardin a toujours été important à la Villa Datris. Il permet des créations in-situ, des commandes, des installations uniques. Dès la première exposition, le jardin a été traité avec autant d’attention que les salles intérieures de la Villa. » m’a également confié Stéphane Baumet.

Dès l’entrée, des sculptures accueillent les visiteurs. Quatrain de Stéphane Guiran capte la lumière et nous invite à diriger notre regard vers les plantes aux alentours. Sur l’ascenseur, une installation de Daniel Buren nommée Elévation colorée, créée en 2015 est réinstallée pour l’occasion. Ce jardin invite à flâner et à se laisser happer par des œuvres, telles des surprises, parfois cachées parmi la végétation provençale. Le tissage de fil de cuivre d’Antonella Zazzera attire notre regard grâce au soleil qui vient s’y poser. Germination 003b de Philippe Desloubières contraste par sa couleur au regard des plantes luxuriantes de ce milieu propice à la flânerie et à la rêverie. L’installation Mare Nostrum de Jean Denant se présente tel un miroir qui reflète la villa et les visiteurs. Un grand pot rouge de Jean-Pierre Raynaud attire notre regard jusqu’au bout du jardin. Ce parcours de sculptures est dense tout comme l’exposition en intérieur.

Nous sommes ainsi conquis par une diversité d’œuvres d’artistes de différentes générations. Tout un chacun peut y trouver son compte, prendre plaisir à découvrir des sculptures, des installations de créateurs reconnus dans les grands musées et à en repérer d’autres dont le travail artistique trouve ici un bel écrin.

Au fil des acquisitions, la Fondation Villa Datris, est considérée comme une institution culturelle présentant des sculptures contemporaines dans un cadre somptueux qui dès l’entrée attire l’œil. De nombreux artistes de différentes générations y sont ainsi représentés.

Ouverte sur la ville de l’Isle-sur-la-Sorgue, cette Fondation propose également une programmation culturelle riche en activités pour tous types de public, visites guidées, conférences, débats avec les artistes, ateliers pour enfants, adolescents et adultes. « Le travail de sensibilisation des écoles, lycées, associations en leur permettant de visiter l’exposition avec des médiatrices entraine une grande fidélité » précise notamment Stéphane Baumet. L’accessibilité et la gratuité en font ses atouts. Ce lieu d’art contemporain offre une belle occasion de s’ouvrir à l’art contemporain tout en se laissant surprendre par la diversité des explorations des artistes.

Ainsi, cette exposition permet de vivre une expérience esthétique hors du temps dans un cadre intimiste, à l’abri du flux et dans une atmosphère propice à l’attention.