En parallèle du solo show de Sanna Kannisto, qui eut lieu du 21 avril au 11 juin, à la galerie La Ferronnerie – Brigitte Negrier, à Paris (à lire l’article écrit à cette occasion : https://slash-paris.com/articles/sanna-kannisto-galerie-la-ferronnerie-brigitte-negrier), depuis le 24 avril, un bel ensemble de ses photographies est exposé dans la maison Louis Carré, conçue par Alvar Aalto. Cette demeure, ouverte vers l’extérieur, le jardin et la forêt de Rambouillet constitue une œuvre d’art totale, témoin de l’esthétique d’un maître de l’architecture de la fin des années 1950. La programmation d’expositions d’art contemporain poursuit l’histoire de cette belle propriété, conçue comme un écrin pour accueillir la collection d’art moderne de son propriétaire.
La visite et l’attention aux différentes essences de bois utilisées par l’architecte débute par le hall d’entrée dont la voûte dessine une courbe élégante. Une série de photographies dites « à rideau » introduit la diversité des espèces naturelles, papillons, oiseaux, champignons, sur lesquelles l’artiste pose son regard. Sanna Kannisto a développé une technique particulière de mise en scène : les animaux prennent place dans le décor créé à partir des éléments naturels prélevés directement dans leur environnement.
Dans la salle à manger, on peut découvrir ses études de chauve-souris au Costa Rica en 2008. Diversity montre un intérieur, racontant les coulisses d’une expédition au Brésil. Dans la chambre de monsieur Carré, sur une étagère, des photographies de fourmis prises au Costa Rica ainsi qu’aux murs Palm Seedling on Deforestation Area et Preserved Specimen of the Extinct Golden Toad témoignent de la biodiversité animale et végétale, à préserver. Pour celle de Madame Carré, le choix s’est porté sur des images présentant une flore exotique, typique des milieux tropicaux, Ramphocelus costaricensis et Amaryllis in Brazilian Atlantic Rain Forest Fragment.
De ces photographies, émane un certain plaisir d’une observation de près. Leurs noms font de suite penser à la nomenclature de l’imagerie scientifique. Dans le salon, un autoportrait de l’artiste, exploratrice de différents biotopes, ajoute à la compréhension de sa démarche. Deux vidéos documentaires documentent sa méthodologie de travail photographique.
Au fur et à mesure de la visite de la maison éclairée par une douce lumière naturelle ainsi que du mobilier créé sur mesure par Alvar, Elissa Aalto et leurs équipes, se révèle l’approche sensible et curieuse de Sanna Kannisto pour le monde vivant.
L’intérêt pour son œuvre tient de l’émerveillement, de sa conscience écologique et des études de terrains qu’elle poursuit, auprès de scientifiques, dans les réserves ornithologiques et au cœur des forêts tropicales. Ses photographies nous incitent à ouvrir notre regard, à nous décentrer pour restaurer une relation avec le monde vivant.