A l’occasion du festival « Femmes modernes » réunissant des chorégraphes féminines radicales Clémence Veilhan est invité à exposer ses dessins et photographies qui répondent à son livre « Si blanche est la nuit », en ajoutant à son intitulé « Lost love » elle oriente sa proposition dans une dimension de mythologie personnelle où le corps reste l’élément central.
Clémence Veilhan a fait ses études photo à la Cambre à Bruxelles, elle a suivi le cours Florent et possède une licence de cinéma et audiovisuel. Elle a été 3 ans l’assistante de Nan Goldin. En 2022 sa participation à l’exposition collective « L’Ami-e modèle » au MUCEM à Marseille, dans un commissariat de Mathieu Mercier est révélatrice de ses rapports à ceux et celles qu’elle photographie. Elle est représentée par la galerie Laure Roynette à Paris.
Sa première exposition dans ce lieu intitulée « Et les fruits passeront la promesse des fleurs » montrait trois séries dont deux se sont révélées fondatrices . « 24 images dans la vie d’une femme » revisite vingt quatre étapes de sa vie rejouées comme une performance à la chambre, un seul « plan-film » par image. On doit aussi la lire comme un hommage à Michel Journiac et à sa célèbre série parodique des années 1970.
« Je n’ai jamais été une petite fille » apparait plus programmatique encore du fait de l’invite faite à 38 femmes de venir poser dans sa robe d’enfant, seul reste de son passé. Chacune la fait sienne dans cet hommage féministe et distancié à Lewis Caroll.
On trouve à Orléans certains portraits nus de sa 3ème série « Chewing-Girls » où le casting de ces Lolitas faisant une belle bulle de leur chewing-gum comporte en tout 50 modèles.
Elle parle ainsi de ce qui a motivé tout son projet de photo et aujourd’hui d’écriture :
« Au départ, quelques figures adultes désaxées. Le récit d’un corps en perpétuel mouvement, instable, bouleversé. Ce corps est le lieu de tous les possibles, d’un avenir, d’une promesse. »
Son roman paru aux éditions Exils en janvier 2023 narre une suite de drames intimes dont résultent autant de nuits sans sommeil. On y retrouve des éléments biographiques de l’auteure dont un assistanat avec une vedette de l’image, un festival techno. D’autres faits semblent plus romancés, peu importe l’histoire est passionnante notamment dans l’évocation d’un amour avec une jeune femme victime d’un viol.
Dans l’exposition les clichés haut en couleurs des lumières du studio montrent des jeunes gens dynamiques et le plus souvent joyeux. Les portraits sont souvent en plans américains saisis en une distance d’intimité revendiquée dans l’appartenance au même groupe amical.
Son inspiration vient soit du cinéma comme pour sa série Lolita Chammah où elle a demandé à cette artiste de rejouer des rôles de 5 grands films , soit à la danse . Ce dernier champ de création fait l’objet de photos et de dessins. Certains de ses derniers redoublent une image prise sur le vif et la réinterprètent en traits discontinus aquarellés de vives couleurs.
Entre ses différents arts qui l’inspirent et dont elle donne une image très actuelle une oeuvre originale voit le jour dont cette exposition et ce livre sont des témoins très convainquants.