IL Y A ICI/ LA PUIS ICI
C’est à un voyage initiatique que nous invite Simon STARLING, dans cette première exposition monographique en France au MAC/VAL à Vitry-sur- Seine. Formes déictiques dans l’ère de la modernité, il nous offre un regard poétique sur la complexité de notre monde contemporain, où ces formes jamais oublieuses de leur histoire comme tissées dans une toile nous donnent à voir la complexité du réel dans un parcours scénographique aérien. Echo intertextuel.
Cet artiste britannique s’inscrivant dans la pratique du « ready made » ( objet tout fait signé de l’artiste et exposé au public) à la Marcel Duchamp dont Roue de bicyclette (1913) expose voiture, bureaux, vélo, créant un lien entre le passé et l’ici et maintenant, l’histoire artistique de l’objet, son parcours et sa présence fragile dans notre monde voué aux dieux technologiques.
La FLAGA (1972-2000) exposée au mur comme un tableau rouge et blanc ou plus précisément comme un tableau, est une Fiat 126 construite à Turin en 1974, customisé avec des pièces fabriquées et assemblées en Pologne, après un voyage de 1290 km de Turin à Cieszyn, elle invite au voyage de la mise en abîme.
SILVER PARTICLE / BRONZE AFTER HENRY MOORE (2008), sculpture en bronze d’une particule d’argent « créée à partir d’une photographie originale au gélatino-bromure d’argent d’Henry Moore intitulée « Reclining Figure n°41955 » élargie 300 000 fois, a pour origine l’acquisition d’une épreuve originale de l’un des plus célèbres sculpteurs modernes britanniques. Cette œuvre a été créée en découpant une portion circulaire dans la photographie de Moore en éliminant la couche de gélatine qui la recouvre, afin d’exposer les minuscules particules d’argent la constituant. L’une de ces particules est ensuite scannée encore et encore dans un microscope électronique pour générer une maquette 3D, alors produite à une échelle énormément agrandie dans le même matériau que la figure allongée créée par Moore pour la fonderie Herman Noack à Berlin (une entreprise avec laquelle Moore a collaboré toute sa vie).
Silver Particle /Bronze (After Henry Moore) reprend l’habitude qu’avait Moore d’extrapoler à partir de formes trouvées dans la nature (cailloux et ossements constituaient ses matériaux de prédilection) et la retravaille à l’échelle microscopique de la photographie argentique » Simon Starling.
THREE WHITE DESK (2008-2009) est une reproduction d’un pupitre conçu par Francis Bacon pour Patrick White (vers 1932) réalisée à Sydney en Australie par l’ébéniste Uwe Küttner en s’inspirant d’un scan de 30 Mo d’une photographie d’époque de la Bibliothèque nationale de Canberra en Australie.
Le second est la reproduction d’une reproduction d’un pupitre conçu par Francis Bacon pour Patrick White (vers 1932), réalisée à Sidney en Australie par l’ébéniste Charmian Watts en s’inspirant d’un fichier.jpeg de 84 Ko envoyé via un téléphone portable par Uwe Küttner depuis Berlin.
La troisième est la reproduction d’une reproduction d’une reproduction d’un pupitre conçu par Francis Bacon pour Patrick White (vers 1932), réalisée à Londres en Angleterre par l’ébéniste Georges Gold en s’inspirant d’un fichier.jpeg de 100 Ko envoyé par e-mail par Charmian Watts depuis Sydney.
THEREHERETHENTHERE se déploie en deux épisodes autonomes et néanmoins pensés globalement. L’un au MAC/VAL, sous-titré « œuvres 1997-2009 » l’autre « la Source » au Centre d’art Parc Saint Léger, à Pougues-les-Eaux.
Comme l’écrit Franck Lamy « Tout l’œuvre de Simon Starling est processuel. Il est construit de déplacement, de parcours, d’histoires, de transformations, d’hybridations, de reproductions, d’échanges, de cycles, de rencontres impensées, de mélange de genres, temporalités et technique (…) Il élabore une cartographie du réel teintée d’humour, de gravité, de poésie, avec un rien de romantisme. »