Dés que l’on évoque le silence en musique, il se trouve toujours quelqu’un pour brandir les 3’44″ de John Cage. L’idée est radicale et sublime, plus on s’en approche plus la pensée de Cage se déroule, son attention au silence mais aussi la possibilité d’entendre alors tous les sons qui ne serait pas ceux de la musique.
3’44″ est un best-seller incontournable qui inspire toujours et encore artistes et musiciens. John Cage l’avait d’ailleurs conçu comme un tube, un morceau d’une durée radio standard. En 1948, il dit vouloir composer : « une pièce faite d’un silence ininterrompu, et la vendre à la compagnie Muzak. Elle durera 4 minutes et demi, car telles sont les durées standard de la musique « en boîte ». Ce qu’occulte la notoriété de Cage c’est tout une histoire de la musique muette. Car chaque silence en musique est différent.
Sounds of silence est un LP sorti il y a quelques semaines, une anthologie composée de morceaux silencieux, où l’on découvre que l’on peut faire entendre beaucoup de chose, à bruit secret. Si le vinyl est muet la pochette et ses notes érudites révèle quelques pépites comme ce Nothing record album de 1980, un disque dont Marvin Gaye aurait dit : « It sounds as good as it looks ». On y trouve également un extrait de The wit and wisdow of Ronald Reagan, la face A est consacré aux mots d’esprit de Reagan, la face B a sa sagesse, on comprend que le disque soit resté vierge.
Mais Sounds of silence n’est pas une simple anthologie de disque potache, on y découvre une œuvre inframince d’Andy Warhol, réponse à un morceau bruitiste du Velvet. Certains morceaux sont politiques, réactions ou conséquence de la censure qui réduit le sillon au silence. There’s a riot goin’ on, un morceau de Sly and the family stone de 1971 est mentionné sur la pochette mais n’est simplement pas présent sur le disque, comme une invitation à tendre l’oreille, à se mettre à l’écoute de la révolution en marche. D’autres sont plus étranges comme ce Silent Grooves, un disque qui permet d’écouter sa platine, ou ce Disque de silence produit par Barclay dans les années 60 et dont l’usage reste incertain.
Il y a d’autres bizarreries encore. Les auteurs précisent qu’il s’agit seulement d’une anthologie, à la fois partial et subjective. L’histoire de la musique muette reste à écrire, et à écouter, fort.