Construire de nouveaux souvenirs pour panser les anciens ? Ainsi Albane Gayet, née en 1994 et diplômée de la Central Saint’ Martins School de Londres, elle part six mois à Athènes dans le cadre de la résidence A-Dash, avec une idée fixe, celle de faire le portrait de la capitale grecque à travers les lieux de son enfance dont elle garde un souvenir très précis.
Sa maison, celle de sa meilleure amie, une piscine, un jardin. Fille d’« expat », elle y vécut de 2004 à 2007. L’artiste se lance dans une quête géographique et mémorielle, qu’elle construit en amont : des vidéos de ses déambulations auxquelles s’ajoutent la lecture de textes écrits ultérieurement, des scans de végétaux à différentes étapes de décomposition, des photos panoramiques de la ville dans lesquelles elle apparaît partiellement, parfois, des « Selfies », autoportraits évidents ou suggérés, une présence en filigrane.
Toujours accompagnée de son téléphone portable et de deux caméras – 180° et 360° -, elle utilise les codes spontanés de l’imagerie populaire et se dégage de toute contrainte technique. L’usage de ces outils lui confère volontairement une approche visuelle modeste, une « pauvreté esthétique » du quotidien.
A travers le titre de l’une de ses séries, « Je ramènerai des photos, ce sera là mes souvenirs », se dévoile un voyage intérieur et singulier. Bien plus qu’un carnet de notes, ce travail est le résultat d’une pratique diariste, celle du journal intime. Elle y jette images et textes, et n’y retournera pour les mettre en ordre qu’une fois rentrée à Paris.
Une jolie tentative de mesurer le temps anime Albane Gayet, celle de capter un souvenir présent qui file instantanément.