Il y a chez Clément Hébert un peu de rêve américain, pas mal de contre-culture, le goût de la fiction, de l’histoire et du paysage. Originaire de Caen en Normandie, Clément Hébert nourrit une partie de sa pratique artistique de l’histoire de sa région et plus particulièrement du débarquement et des années de la reconstruction.
L’étude des Levittowns, zones pavillonnaires ayant vu le jour à Long Island durant l’après-guerre, mais aussi le modèle de maison en kit « UK-100 », maison véhiculant les standards de vie américains, lui permettent d’interroger le choix contraint des zones périurbaines construites afin de faire face à la démographie galopante de l’après-guerre. Quartiers auxquels s’ajoutent, inéluctablement, la construction de zones commerciales composées d’une multitude de magasins répondant à la fois à une même esthétique mais aussi au modèle capitaliste importé des Etats-Unis.
Modèle qui influence jusqu’à la typologie de ces paysages des bords de ville où de nouvelles réglementations urbanistiques voient le jour. Pour ce faire, Clément Hébert utilise à la fois des techniques d’investigations d’historiens ou de sociologues, techniques qui lui permettent de créer des formes plastiques, films, sculptures ou installations, en dialogue avec ces recherches. A travers ce travail d’enquête, Clément Hébert dessine des portraits d’individualités qui prennent racine dans la « grande » histoire.
Car, c’est cela finalement, qui l’intéresse : l’individu, celui qui pense et habite les lieux, le temps et l’avenir. Cet individu qui a hérité d’un paysage portant les traces de l’histoire et qui en fera peut-être quelque chose de contemporain en adéquation ou pas avec les problématiques environnementales et sociétales. Ces recherches mèneront Clément Hébert dans les mois à venir à développer son travail aux Etats-Unis, là où tout a commencé, à Oak Ridge, secret city du Tennessee où fut développée l’arme nucléaire. Il y questionnera, sans doute bien plus qu’il ne le pense actuellement, ce rapport à l’archive et à l’histoire qui l’anime, questionnements qui donneront, n’en doutant pas, de multiples formes plastiques qui n’oublieront pas d’apporter une critique teintée d’ironie de la société contemporaine