Tant qu’à exploiter ses mythologies personnelles pour nourrir les sources de son œuvre autant en assumer tous les aspects techniques et fictionnels. Pierre-Marie Drapeau-Martin active des photos de sa famille et autres traces narratives, mais il bâtit aussi leurs propres mises à vue.
L’auteur sait que l’image seule n’a jamais assez de force évocative pour (é)mouvoir le corps du spectateur. A travers ses propres portraits son dialogue s’établit d’abord avec la grand-mère décédée comme avec la sœur si vivante.
Pour contrer la mélancolie à l’os il met en place une approche oblique des images y compris dans leur cadre. Il n’hésite pas à bricoler des dispositifs domestiques d’approche des œuvres seules (un tabouret) comme de ses livres d’artiste (un chevalet).
Il construit donc son regard rétrospectif à partir d’une double généalogie, petite fille / grand-mère et au masculin via son frère et leur grand-père. Dans le retour vers l’enfance il emprunte les protocoles narratifs du conte : sa Petite nature convoque Pinocchio.
Le quotidien se conjugue pour lui à l’aune de la nourriture, de la nature et jusqu’aux tickets de caisse qui se font support de la mémoire iconique.
Il installe ensuite ses œuvres en constellation pour un regard vraiment mouvant. Convaincu de la Puissance de la douceur, chère à Anne Dufourmantelle, il s’avoue cependant que le risque d’une telle démarche aussi incarnée soit de prendre cher !