Lore Stessel déploie ses créations de grand format entre matière photographique travaillées manuellement et collaboration de plus en plus intime avec des danseurs. De ce double champ de recherche naissent des œuvres aussi sensuelles que dotées d’un dynamisme interne. En témoigne cette dernière exposition Saki Chan présentée à la galerie Rossicontemporary à Bruxelles.
Cet ensemble s’ouvre et se ferme sur deux images minérales. Elles cadrent un massif montagneux que l’artiste a visité lors d’un de ses récents voyages au Chili. Un léger flou de la prise de vue dynamise la masse rocheuse. Ce mouvement est amplifié par le traitement du révélateur à l’éponge qui sensualise le cadrage serré sur ce all over paysager.
Dans ses séries précédentes Lore Stessel avait privilégié le travail avec des danseuses comme pour les photos et vidéos réalisées dans la chambre du bed and breakfast Druum dans l’un des quartiers branchés de Bruxelles.
Pour Saki Chan une intense collaboration s’est établie avec un couple de danseurs mexicains. L’homme apparaît soit habillé d’une chemise claire, soit vêtu d’un simple slip mais le corps recouvert d’une substance blanche.
Par opposition aux paysages montagneux son univers se fluidifie par son insertion dans de larges miroirs qui reflètent ses gestes ouverts.
La femme déploie ses mouvements amples mais plus autocentrés dans un univers totalement aquatique. Aux plans généraux où son corps affirme sa maîtrise sur l’espace liquide s’opposent des cadrages plus serrés sur son buste, ses mains ou sa chevelure jusqu’au closed up de son visage. Mais cette image ne constitue pas un simple portrait, sinon celui d’une relation duelle. Celle-ci peut trouver son explication dans le tercet poétique qui ouvre le catalogue :
« Le corps va prospérer et grandir
SA est synonyme de prospérité – floraison
KI signifie espoir – énergie
CHAN est utilisé pour ceux qu’on aime ».
Le deuxième vers semble illustrer des œuvres ni minérales ni fluides ou liquides dont la croissance est végétale.
La plupart des images corporelles au masculin comme au féminin utilisent l’affleurement comme ressourcement amoureux. Dans beaucoup de ces réalisations artisanales le toucher dansé prend la forme d’enchevêtrements sensuels d’où renaît l’énergie partagée par ceux qui s’aiment.