Un peintre , un sculpteur et la révélation de l’univers de Fanny Ferré

La galerie Capazza est une institution familiale installée à Nançay en Sologne qui défend depuis plus de quarante ans des artistes modernes et contemporains de toutes sortes de disciplines et de différentes générations comme Georges Jeanclos, Franta ou Hans Silvester. Cet été en dehors de l’accrochage permanent deux sculpteurs et un peintre se partagent les différents lieux d’accrochage et de monstration. La galerie programme aussi au château d’Ainay le Vieil les oeuvres de grand format de l’artiste espagnol Juan Garaizabal ( article à venir)

Les espaces intérieurs sont suffisamment vastes pour accueillir sur les 2000 m2 les 80 artistes permanents représentés par Capazza où toutes les techniques sont expérimentées, dessin, peinture, céramique , photographie et de nombreux artistes du verre. On peut y admirer notamment dans cette difficile spécialité Antoine Leperlier , Loretta Yang et bientôt Vladimir Zbynosky.

Dans la grande salle du rez de chaussée où l’on trouve un espace librairie présentant les nombreuses éditions maison sont visibles les toiles de Philippe Charpentier. Né en 1949 il a trouvé sa palette actuelle dans l’académie d’Henri Goetz. Pratiquant aussi la gravure et la lithographie il expérimente toutes sortes d’outils et de techniques pour faire fuser la couleur sur ses toiles. Ayant pratiqué la musique avant la peinture chaque tableau est vibrant de trainées de couleurs d’une grande vivacité . Un dynamisme joyeux les anime pour notre plus grand plaisir visuel.

Dans cette programmation estivale deux artistes partagent une même fascination pour les formes animales , Julien Allègre les transpose en sculpture de métal brut, tandis que Fanny Ferré les façonne avec différentes terres.

Dans la cour de la galerie , sur la pelouse le visiteur est interpellé par la puissance plastique des oeuvres singulières de Julien Allègre. Né en 1980, il laisse longuement mûrir ses pièces sculptées, elles ont une allure majestueuse, si leur corps flirte avec des formes animales , elles sont toutes privées de tête. Il s’approprie des métaux ayant déjà servi pour les éloigner de leur forme usitée pour les rapprocher du vivant. Il les décrit comme de simples observateurs « gardiens d’un temps passé et sentinelles du présent. »

Dans la galerie supérieure du lieu, dédiée aux expositions temporaires les personnages de terre de Fanny Ferré, née en 1963 sont réunis par petits groupes de couples ou de familles nucléaires souvent dotées d’animaux familiers. Elève de Georges Jeanclos dans son atelier des Beaux Arts de Paris elle a développé une importante maitrise technique . De taille inférieure à l’être humain elles obligent le spectateur à se mettre à leur hauteur pour un regard empathique. Son souci réaliste du détail attire l’œil du regardeur et suscite son émotion. Les mains notamment sont traitées avec un grand soin ainsi que les chevelures. Les variantes de terre, rouge , grise ou blanche égayent les vêtements de ces personnages nomades de leur vie .

Dans le livre consacré à l’artiste par les éditions de la galerie Jean-Claude Le Gouic insiste sur le façonnage de ces pièces :
« La vie que nous trouvons dans ces œuvres est aussi celle des traces laissées par l’auteure. Ces gestes de facture qui donnent à voir la présence de la main de la créatrice dans ses œuvres, nous émeuvent également. »
Si sa technique sans armature est effectivement remarquable , l’installation de ces petits groupe humains dans le grenier a une réelle force visuelle que notre venue à leur proximité rend plus sensible.