Le Bureau/ collectif de commissaires d’exposition a organisé en 2009, sur l’invitation de la Maison Populaire à Montreuil, un cycle de trois expositions, ironiquement intitulé Un plan simple. Cette exposition en trois temps, s’est construite selon trois axes de monstration : perspective, scène et écran. La typologie montre combien le travail de commissariat s’assume ici comme une nouvelle stratification du travail artistique dont il reprend les modes.
Le catalogue de l’exposition ajoute à ces dispositifs une strate supplémentaire, reprenant l’exposition qui reprend la production de l’œuvre. Il se déroule en une mécanique élaborée, compile texte sur l’exposition, texte sur les expositions, texte sur la photographie d’exposition, photographie de l’exposition et catalogue des œuvres. S’y ajoute un flip-book qui permet d’appréhender en trois travellings, la scénographie de chaque moment. Intelligemment conçu, le livre confronte dans ses pages plusieurs modes d’appréhension du travail de l’exposition (pas seulement dans sa dimension curatoriale, comme le montre l’attention porté à la question de la reproduction des œuvres et de leurs arrangements).
Le catalogue nous conduit à considérer les œuvres exposées comme l’un des éléments du dispositif et non pas comme l’unique élément du dispositif. Il rend sensible la manière dont les œuvres dialoguent avec les autres données du système de monstration (catalogue inclus). Il montre que l’on peut jouer avec ces éléments, les polariser pour en modifier l’opacité. Au premier chef, le commissariat représente bien un exercice en soi, il peut être jugé comme tel et non plus seulement dans un simple lien de subordination aux œuvres. Il constitue surtout un plaisir, plaisir sensible d’un commerce avec l’art que l’on retrouve dans plusieurs des textes du catalogue.
On y perçoit l’effet retro-actif que le commissariat exerce sur les productions artistiques contemporaines, dont les places sont parfois celles de simples articulations dialectiques du discours sur l’œuvre ou l’exposition. C’est un mouvement qui ne peut être imputé à la seule action du commissaire comme intermédiaire, mais qui questionne l’équilibre d’un système artistique profondément modifié. Le catalogue d’Un plan simple a pour intérêt de problématiser cette question des œuvres pensées dans un système qui les informent et les influencent, en même temps qu’il les exposent.