La dimension critique du réseau

Revue d’art depuis 2006

Un séjour intermédia à la rescousse créative du monde

Démosthène Agrafiotis vient de publier chez L’arbre à paroles un livre d’artiste AMAY.3×21 journal d’une résidence à la Maison de la Poésie d’Amay en Belgique, région de Wallonie. Il y a passé trois semaines consacrées à des créations croisées : poésie, calligraphie et photographie. Un ouvrage à déchiffrer lentement.

Première hypothèse :
« Certainement l’un des nombreux visages de Pessoa
va tenir compagnie aux touristes »
Démosthène Agrafiotis n’a pas autant d’hétéonymes que l’auteur portugais mais ses activités le définissant sont variées : spécialiste des phénomènes socioculturels, théoricien de l’intermédia, plasticien, poète, performer…

Deuxième hypothèse pour tous , cérémonielle :
« Que chacun apporte son jardin portable
Son musée portable ».
Quant à lui il s’agit de profiter la résidence pour y croiser ses pratiques, les forcer à signifier dans les matières et les manières qui se frottent. De ces frottements esthétiques résultent :
« Para signes
Para corps »
Avec cette espérance
« Confirmation. Thérapie
Thérapie image
….
Pour effacer les dommages collatéraux »

Des références à l’histoire de son pays en difficulté, la Grèce, sont suivies d’une tâche civilisationnelle :
« La reconstitution
Des engloutissements perdus »
« À la recherche d’un présent possible » comme il revendique dans son prière d’insérer.

Face à cette création multiforme, ou plutôt intermedia, l’idéologie prolifère :
« Les équipes de télévion essaient
Tous les regards des clients ».
Et qui plus est :
« Ouverture au flux numérique de l’arrogance ».

Tandis que l’auteur dans sa résidence tente une autre occupation : 
« Crieur publique de la vie
Avec des verbes »
Mais aujourd’hui toute activité humaine, toute création encourt le même destin virtuel :
« Mutation de la promenade
En recherche sur l’internet ».

Pour y répondre la double pratique graphique s’attache au réel, au quotidien, cherche à se trouver un lieu où habiter, où se réfugier, d’où ces photos d’architecture et de seuils.Les complètent des éléments sculpturaux en métal notamment qui clôturent ces espaces intérieurs. Le geste calligraphique leur répond tarit pour trait, matérialisant le parcours pour y parvenir, donnant la plus juste image de leur énergie comme synergies que l’auteur installe entre ses pratiques à l’écoute inquiète du monde.