Elles sont trois plasticiennes qui traquent le corps en danse avec les outils de la photographie, du dessin et du (calli)grapheur. Chacune dans un entre-deux qui lui est propre renouvelle l’image performative. Anne–Flore scénarise sa résistance jouée à un site portuaire. Lore cherche dans son viseur la puissance deux de ses danseuses qu’elle fait répéter. Gabriela quête sa fusion avec le masculin en un mixte plastique . A l’invitation d’Alin Avila nous voilà scénographiant leurs images pour un Comme Un d’écritures dansées . L’in situ et l’atelier se fondent sur l’écran de papier qui ouvre ses pages en studio pour accueillir cette battle.
Cette danse qui s’improvise à plat réside dans la mouvance des contraires, anticipant ces zones d’attention qui respirent pour accentuer l’espace entre corps et graphies. Merce Cunningham rappelait qu’ « avec la danse le temps et l’espace peuvent être désunis ».
Le dessin comme venu de la notation n’habille le corps que de traits énergiques centrés sur le geste, tandis que toute l’histoire de la danse se trouve résumée dans les trois vêtements, le pagne vert dont Gabriela habille son danseur évoque l’antique, le justaucorps noir rappelle la période moderne et ses avatars actuels, tandis que la longue robe claire d’Anne-Flore semble héritée du théâtre dansé de Pina Bausch.
La photo et le dessin viennent vider les corps pour en laisser vive la trace qui se meut et diffracte les actes sans en bafouer la dextérité. Les collages tranchent dans le flou afin qu’une figure mimétique y renaisse. Ces surfaces dans leur diversité ajoutent du tactile. Le dessin demeure dans l’avant de ces gestes erratiques quand la photographie tente la coïncidence d’états physiques différents. Dans « Le danseur des solitudes » Georges Didi Hubermann concluait quant à lui :
« Le danseur est donc aussi le géomètre immédiat de son corps en mouvement. »
Dans tous les cas il s’agit d’extraire du mouvement la passe plutôt que l’acmé mais de laisser flottant les désirs d’envol. Là se construisent des diagramme de postures qui s’esquissent dans la transparence de l’alchimie numérique et ne se laissent cadrer que dans la quête de figures inédites.
Pour ne pas embaumer la flottaison du sens le phrasé du page en page rétablit un flow à partir de ces protocoles où dialoguent le corps d’ici et le corps-là-bas. Réunis sur le papier les deux forcent le cadre pour apprivoiser ce mouvement tout en reconstruisant l’instant qui s’écroule.La double page dresse en douceur l’aplomb du quatrième mur pour une capoïera calligraphiée qui nous invite à suivre cette dynamique jamais trop proche du corps à corps.