La FIAC toujours dirigée de main de maître par Jennifer Flay réunissait 200 galeries internationales pour cette 43e édition particulièrement dynamique. Grâce à une collaboration avec le Petit Palais accueillant dans ses murs des œuvres monumentales « On site » la foire a réussi à recentraliser l’événement en privatisant l’avenue Winston Churchill pour y accueillir des œuvres au sol de Lawrence Wiener et Jacques Villeglé. Abandonnant la formule « Officielle » les plus jeunes galeries ont été présentées à l’étage du Grand Palais avec une section en partenariat avec le secteur Lafayette. Plus un nouvel espace le Salon Jean Perrin consacré aux galeries qui défendent un artiste « en voie de réexamen critique ».
Avant de prendre le temps de développer les nombreux apports critiques de cette édition il faut quand même noter une curieuse dérive : la haine du cartel qui sévit dans de nombreux lieux branchés a gagné beaucoup de jeunes galeries, interdit donc de connaître les noms des artistes si l’on n’a pas l’intention immédiate d’acheter !!!!
Présentées hors- stand les grandes formes du Petit Palais dialoguaient habilement avec l’architecture et les pièces historiques. Les maquettes à visage humain de Brian Griffiths répondaient à l’échafaudage de Jimmie Durham ou avec le chantier de Benoit Maire. Comme autant de figures d’une histoire des civilisations revisitées on pouvait s’amuser de l’Astronaute qui dirige la mer de Jan Fabre ou être bouleversé par L’anatomie d’un ange en marbre de Damien Hirst, tandis que Kchinde Wiley relisait l’histoire religieuse en la réactualisant de façon somptueuse avec des figurants noirs.
En dehors des grandes figures modernistes présentes chaque année un stand monographique consacré à Zoran Music chez Applicat-Prazan nous permettait de renouer avec l’intensité dramatique de ses grandes figures de désolation riches de toute l’humanité souffrante. Si un grand retour à la figuration se manifestait la photographie contemporaine y était peu présente, il était d’autant plus agréable d’apprécier chez Konrad Fischer un récent Thomas Ruff press++30.47 en dialogue avec le Gemälde mit Wörtem de Hans Peter Feldmann . La partie historique du médium était assurée comme toujours par l’excellent stand de Françoise Paviot. Sa voisine la Ubu Gallery de New York faisait retour à des grands moments du surréalisme avec Hans Bellmer et Georges Hugnet et la redécouverte du collagiste tchèque Jndrch Styrsky.
Les œuvres engagées on fait un léger retour, c’est ainsi que pour la 10 ième édition d’Hors les murs on a pu remarquer A lighthouse for Lampedusa de Thomas Kilpper, (Galerie Nagel Draxler, berlin) une sorte de phare réalisé avec des fragments d’embarcation de migrants. Pour les réexamens critiques il était d’appréciable de retrouver l’œuvre pleine d’exigence de Nil Yalter. Dans une actualité parodiée la galerie Florence Loewy installait le Paris Newsstand de Francesc Ruiz, sympathique et efficace. La galerie Mitchell-Innes & Nash (New-York) exposait face à face un photomontage de Martha Rosller et une œuvre de Mary Kelly Tahrir qui montraient un traitement au féminin d’images idéologiques. Comme à la sauvette le marchand migrant de Majida Khattari proposait à la vente des interprétations du sac Kelly de Hermès imprimées d’images de guerre, de violence, de torture… Les produits de la vente sont destinés à soutenir Médecins sans Frontière dans leur action en Syrie.
Plusieurs artistes proposaient des œuvres liées aux protocoles de la performance :à la galerie Luciano une seule installation la double Changing Rooms (2008) de l’argentin Leandro Erlich attendait dans son jeu infini de miroir des corps à montrer, au moins ceux des spectateurs. Dans le Secteur Lafayette le libanais Charbel-joseph H Boutros installait son vestiaire intime et dépouillé comme pour une action quotidienne à revisiter. La galerie Luis Adelanto de Valence mettait en scène les Marginal Bodies de l’artiste espagnol Dario Villalba ( né en 1939) qui par ses techniques mixtes introduisait ses personnages encapsulés comme autant de figurants entre image et sculpture.
L’œuvre la plus significative dans ce domaine d’interrogation récente de ce qu’on peut appeler l’image performative Taro Izumi dans son installation Tickled in a dream … maybe comprenant « une structure d’objets divers et deux projections vidéo » tentait de retrouver les conditions physiques du retourné d’un footballeur comme en suspension dans l’espace.