Les plus grandes menaces idéologiques et politiques pèsent sur l’art contemporain comme en témoigne, entre autres, la scandaleuse mise en examen du directeur de l’ENSBA, Henri Claude Cousseau en tant que responsable de l’exposition « Présumés innocents » en 2001 au CAPC de Bordeaux, dans l’attente du même sort injuste et injurieux pour Marie-Laure Bernadac et Isabelle Bourgeois co-curatrices de l’exposition. L’image de l’enfant, instrumentalisée, n’est qu’un prétexte pour réduire la liberté de la création artistique. Les groupes de pression aux présupposés fascisants relèvent plus que jamais la tête malgré leur faible représentativité. Paradoxalement nous vivons actuellement l’un des plus riches moments de la scène française dans sa visibilité internationale avec une FIAC restructurée et complétée de ses trois outsiders Show Off, Slick et Diva. Dans le même temps le Mois de la Photo à Paris revendique avec brio son caractère européen, dans le choix d’un thème commun autour de l’image imprimée et, dans la création d’un prix Alcatel sur le thème « Mutations », manifestation globale regroupant les capitales Berlin, Rome, Moscou, Vienne, Bratislava, et Luxembourg.
A y réfléchir doit-on pour autant donner raison et se réjouir avec un grand galeriste parisien quand il déclarait au Monde à la clôture de la FIAC « nous sommes enfin sortis de l’art pour entrer dans le marché de l’art » « L’antagonisme doit-il être si radical et si irréconciliable » Notre engagement se situe clairement du côté du premier, même si nous encourageons l’évolution du second. Heureusement les réponses de terrain restent aussi vives que nombreuses à défendre. En région Rurart poursuit ses initiatives dans un lien aujourd’hui trop rare entre Education Nationale et ministère de la Culture pour la défense d’un art actuel sans concession. A Vevey en Suisse l’exposition « Hypocrite » prouve l’intelligence d’un art politique qui ne soit pas manichéen. A côté de l’actualité lilloise de l’Inde Hugues Jacquet nous invite à prendre connaissance de la situation de l’art contemporain tel qu’il l’observe sur place. Du côté d’un art féminin exigeant Véronique Joumard au Crédac à Ivry et Jana Sterback au carré d’Art à Nîmes complètent selon la logique de leur projet le Lovelab collectif de la galerie RX.
Affirmant plus que jamais nos partis-pris critiques nous vous proposons de retrouver notre nouvelle indexation selon les thèmes Ecarts, Nécessités, Précipités, Prétextes,Tactiques et Lacunes, enrichie de nombreux articles. Nous vous invitons à relire notre communication au Congrès de l’AICA sur les « Nouvelles Formes d’Evaluation Critique », ainsi que le compte rendu de la table ronde « Un triangle oedipien ? : relations artistes /critiques/ galeries. ». Décidément nous continuons de nous battre tous azimuts pour qu’entre l’art et le marché de l’art nous n’ayons plus, un jour, de choix déchirants à opérer.