En restreignant leur action à l’Est Parisien, en proposant une exposition phare programmée par l’équipe de direction et à un choix de 20 artistes sélectionnés par un jury professionnel la seconde Biennale de l’Image Tangible fait le choix de l’excellence avec un panorama exigeant de la création photographique internationale en recherche.
Le catalogue à couverture rigide est publié au format carré avec en illustration une étrange image matiériste de Julie Navarro de sa série Paravent. L’exposition phare s’ouvre sur un texte théorique de François Salmeron, directeur général associé de façon collégiale avec François Ronsiaux, Dominique Clerc, Gabrielle Petiau et Patrick Rimond. Philippe Calandre intervient auprès d’eux comme conseiller artistique. Pour cette exposition principe ils revendiquent « des images détournées, déconstruites, reconstruites ou falsifiées ».
François Salmeron en organise la logique pour montrer que ces oeuvres mettent en avant « des villes et des vies hyper-connectées » pour « une société modelée par le numérique ». Il en déduit même un projet sociétal d’envergure contribuant à « une organisation rationnelle du monde » et même un ensemble capable de « revivifier nos existences aseptisées ».
Dans l’ensemble plusieurs artistes s’attachent à des utopies architecturales comme le berlinois Clemens Gritl et ses multistructures habitables ou Beate Gütschow qui emprunte l’esthétique citationnelle historique de l’Horus Conclusus. Claudia Larcher crée un livre-objet qui semble rendre hommage aux recherches de Gordon Matta Clark. Achim Mohné utilise quant à lui les ressources 3D de la modélisation Google Earth.
C’est l’occasion aussi de revoir avec plaisir les maquettes photographiées par Thierry Urbain. La maquette incomplète est aussi l’occasion pour Julie Chauvin de créer une micro-scène urbaine. Bérénice Lefebvre dans une pratique en action arpente la ville en recherche de formes sculpturales de façade qu’elle réorganise. L’américain Jonathan Monagan crée des formes mixtes à partir de décalcomanies murales et de leurs extensions en 3D. Mathieu Zurcher grâce à ses « totems de fouille » nous entraîne dans une archéologie mémorielle ‘une cité inventée.
Dans un second ensemble d’oeuvres la matérialité tangible de l’image est poussée à ses extrêmes conséquences avec les cubes de cendres de photographies compressées. Elle prend les formes non-maîtrisées des accidents de surface chers à Nicolas Descotte. Les tableaux de Mana Kikuta sont produits par des assemblages de cyanotypes réalisés pendant la manipulation filmée d’une sculpture en papier. Doriane Souilhol matérialise quant à elle les relations du sonore et du visuel. C’est le même champ interdisciplinaire qu’explore Philippe Vilas-Boas.
Un troisième champ d’exploration déborde sur le multimédia. Grégory Chatons utilise l’intelligence artificielles pour générer de nouvelles formes animales potentielles. Le bruxellois Emmanuel Van Der Auwera mat en place sa vidéo-sculpture à partir d’écrans LCD mobiles et de leur vidéos HD. Les installations lumineuses de Paul Créange envahissent l’espace Ave es néons led et des impressions sur métal.
Dans un 4 ème corpus l’humain n’est pas non plus ignoré. La reconnaissance faciale fait l’objet de portrait en situation dans la rue par Maxime Matthys. Zoé Aubry rend hommage avec ses tirages pigmentaires négatif altérés aux victimes de féminicides à qui elle rend une identité par delà les faits divers. Gaelle Foray crée des assemblages d’objets domestiques et de photos vernaculaires. Forah Khelil réactive des diapositives d’histoire de l’art qu’elle se réapproprie avec des dessins percés au laser. Camille Lévèque poursuit son dialogue plastique avec un de ses alias Lucie Khaoutian pour une fiction identitaire familiale.
A travers ce concept d’image tangible cette seconde Biennale nous invite à un panorama des plus variés de la création photographique en recherche constante.