activités de la compagnie Ouest-Lumière de 1969 à 2010 sur le site controversé WIKILEAKS, le PRÉSIDENT À VIE de Ouest-Lumière a demandé à chacune de ses directions de lui fournir les dits câbles pour vérification. Certains de ces centaines de milliers de PNEUMATIQUES seront exposés au public pendant une période de plus d’un mois. Il est demandé à toutes les personnes susceptibles de nous fournir des câbles PNEUMATIQUES de le faire au plus vite afin que toute la vérité soit faite sur les soi-disant éléments litigieux qui pourraient y être présents. Des explications seront exigées auprès de Julian Assange. (extrait du communiqué de presse réalisé par le DIRCAB/directeur de cabinet de Ouest-Lumière).
L’exposition des pneumatiques d’Ouest-Lumière à Incognito Artclub réagit aux révélations de Wikileaks concernant les activités de la compagnie et ses relations diplomatiques avec ses actionnaires et conseillers politiques de par le monde.
Yann Toma a choisi un espace atypique dirigé par un des actionnaires d’ Ouest-Lumière pour exhiber les messages confidentiels réputés « suspects ». Le lieu, de 60cm de large, 6 m de long et 5 m de hauteur environ est utilisé telle une boîte où sont disposés les différents pneumatiques « litigieux ».
Comme le rappelle le communiqué de presse, Ouest-Lumière, dont Yann Toma a racheté le nom en 1991, existe en tant qu’entreprise productrice et distributrice d’énergie artistique depuis début 1990. La compagnie réactivée a aujourd’hui plus de 200 actionnaires dans le monde, impliqués dans la production, la distribution, la communication, le contrôle, l’innovation, l’accroissement du capital de la susdite énergie. C’est ainsi qu’à l’actif de Ouest-Lumière, on compte aujourd’hui des dizaines d’expositions, des actions dans l’espace public mais aussi des colloques, des conférences, des recherches engagées sur les flux (de l’art et l’art des flux) ainsi que des responsabilités prises à l’échelle internationale telle un siège à l’O.N.U. occupé par le Président de Ouest-Lumière.
Et c’est en raison de ses implications politiques et institutionnelles que Wikileaks s’est intéressé à la correspondance diplomatique d’Ouest-Lumière. Des messages sont ainsi visibles sous forme de bandes de papier déroulées retenues par des pinces isolantes depuis le plafond sur toute une longueur de mur. Les bandes pourraient être des rouleaux de papier utilisés par les caisses enregistreuses des grandes et petites surfaces. En leur milieu, tel un telex, court un ruban blanc frappé des lettres des messages décodés, messages pleinement conformes au langage diplomatique officiel issu de l’administration diplomatique américaine. Leur faisant face, des rouleaux estampillés Ouest-Lumière sont étirés de l’intérieur, en forme de cônes et posés sur des plinthes, à l’instar de sculptures « référence cachée autant au monument dédié à la 3ème internationale de Vladimir Tatline qu’aux sculptures « d’oiseaux dans l’espace » de Constantin Brancusi » dit l’artiste. Un petit écran, au fond du corridor, émet en boucle une « démo » à travers laquelle une voix off explique, tel un manuel vidéo de bricolage, comment réaliser ces sculptures, tandis qu’une agente Ouest-Lumière, impassible et apprêtée, manipule avec adresse les « sculptures Wikileaks ». Les matrices de sculptures sont (re)vendues vierges, sous cellophane, avec un DVD de démonstration. Ceux qui n’achètent pas le Kit ou la sculpture déjà réalisée peuvent se reporter au website : labibliothéquefantastique où sont reproduits certains câbles Ouest-Lumière. Outre les pneumatiques révélés, existent dans l’exposition les restes des pneumatiques non révélés qui, sur ordre du Président à Vie, ont tous été détruits par une machine à broyer les documents issue du Ministère de la Défense.
Toute cette mise en scène a pour but d’inscrire l’entreprise Ouest-Lumière dans l’actualité politique et médiatique, autant que de donner de celle-ci un prolongement artistique – ce qui aux yeux de Yann Toma est un quasi devoir d’art.
L’exposition est aussi l’occasion de produire des archives de Ouest-Lumière, archives qui attestent autant qu’elles nourrissent l’existence de l’entreprise.
Ce n’est pas la première fois que des archives d’Ouest-Lumière sont exposées. La compagnie possède, par exemple, un lot d’émulsions photographiques sur plaques de verre représentant la construction de centrales électriques du début du XXème siècle. Certaines d’entre elles ont été tirées et éditées il y a peu sous le titre de Ouest-Lumière collection (ed. Jannink, 2007). Ces images attestent du rayonnement – passé – de l’ancienne compagnie d’électricité de l’Ouest parisien (1903-1946) ainsi que de l’intérêt que le regard photographique portait à ce patrimoine industriel du début du XXème siècle.
Ouest-Lumière hérite, avec un long passé énergétique, d’un fonds important d’ampoules, de potentiomètres, de bordereaux, de livres de compte qui constituent les arcanes de la compagnie. Legs du passé, ce stock informe encore le milieu intensif où sont énergétisés les membres de la compagnie à leur admission comme dans des moments de dépression.
Collecter, accumuler, produire des documents visuels, sonores, écrits, – en faisant des archives de tout bois – vrais ou faux, réels ou fictifs, libres de propriété ou non – est une façon de revivifier la mémoire collective tout en jouant sur sa propre fabrication. Les archives de Yann Toma, comme celles de Walid Raad Atlas Group Archive sur un mode encore plus sophistiqué, sont des façons de se situer dans le monde et de le raconter. C’est plus. Sur un mode ludique, les pièces produites interrogent la matérialité et la véracité de l’archive, mettent l’accent sur des événements non-vus, hétérodoxes, qui se sont glissés dans des documents existants, leur source, leur circulation, leur interprétation, leur authentification et qui sont une autre version de l’inconscient collectif.