Yuki Onodera / Galerie RX

Yuki Onodera, née en 1962 à Tokyo, est la lauréate du prix Niépce 2006. Son oeuvre photographique est une véritable aventure picturale. En intervenant pendant tout le processus de production de l’image, de la prise de vue jusqu’au tirage qu’elle effectue elle-même, elle explore le médium de la photographie en profondeur. Onodera expérimente avec la lumière, les effets optiques, les collages de négatifs et se sert d’images récupérées comme matière première qu’elle intègre et recycle de maintes manières dans son travail. Dans la série « Portraits de fripes » (1997) elle laissait des vêtements d’enfant voler dans le ciel. Pour la série « How to make a pearl » (2000) elle avait introduit une bille en verre dans son boîtier. Ce corps étranger recueille la lumière et apparaît sur les images sous forme d’un halo blanc qui efface une partie de l’espace pictural. La série « The bee, the mirror » (2002) montre les reflets d’objets quotidiens dans les miroirs d’un appartement nocturne. Le champ de vision est limité par le rayon d’une lampe torche. L’aspect fragmentaire, l’éclairage soigné et ponctuel ainsi que l’apparente absence de gravité qui distinguent les différentes séries convergent de manière très aboutie dans le travail « Transvest » (2003). De sombres silhouettes flottent et se reflètent dans un espace à peine défini par une lumière diffuse. Soigneusement découpées dans des magazines et ensuite prises à contre jour dans un boîtier spécialement fabriqué à cet effet, ces silhouettes stéréotypées ne dévoilent qu’au deuxième regard une étonnante et onirique vie intérieure. Grâce à des masques et un procédé argentique assez complexe, l’artiste a rempli les contours des corps d’un montage d’images récupérées de toute sorte, créant ainsi un univers propre à chacun de ses personnages. Avec la série « Roma-Roma » (2004) elle introduit pour la première fois la couleur dans son oeuvre auparavant exclusivement en noir et blanc. Elle retravaille des tirages argentiques en les colorant à l’huile et souligne la nature hybride de l’image entre réalité et projection. Onodera est une magicienne qui ne cesse d’entraîner le spectateur dans un monde merveilleux où l’identité picturale est constamment mise à l’épreuve.