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Circulation(s) 2024, une 14ème édition profondément dynamique

Lyoz BANDIE
Lyoz BANDIE
Circulation(s) cette année repose sur le commissariat collectif de huit directrices artistiques au sein de Fétart. Si les français(e)s sont nombreux , les 24 artistes, viennent de 14 nationalités différentes, et l’Europe est présente avec la Grèce et l’Italie. La représentation internationale est complétée par un focus ukrainien. Beaucoup de techniques y sont mises en oeuvre, traditionnelles , anciennes ou très actuelles comme le numérique et l’Intelligence Artificielle (IA).

Voir en ligne : https://www.festival-circulations.c...

Un seul portfolio se veut purement écologique , celui du danois Lars DYRENDOM avec une série documentaire très naturaliste en noir et blanc, témoin des atteintes que subissent ces superbes animaux, les ours blancs.

Une dimension poétique à vocation surréelle montre les effets de trois techniques d’époques différentes . Dora TISHMANN créée par des stimulations électriques de complexes paysages noir et blanc de pure lumière, dans une relecture actuelle des avant-gardes historiques. Maryna BRODOVSKA l’une des quatre artistes du focus ukrainien répond à la situation de son pays en guerre avec l’envahisseur russe , dans une dimension légère que confirme le titre de sa série de collages colorés I joke therefore I am. Fig DOCHER diplômée de la HEAD de Genève dans Balancing Acts a recours à des collages numériques et à l’IA pour interroger les possibles de la photographie aujourd’hui.

L’étude du corps est menée de façon graphique et sérielle par l’italienne Giulia SIDOLI dans une série aux couleurs saturées qui scénarise des séquences de Bronzage. Plus singulier Quentin FROMONT, diplômé des Arts Déco, mène une approche technique du désir grâce à de fortes images atmosphériques réunies dans ce programme de résistance intime Croupir dans la chaleur des autres .

Les champs identitaires et communautaires sont les plus approchés. Jules BOURBON , formé à la Villa Arson , cherche à se focaliser sur l’identité dans ses Capsules et portraits qui se déjouent du flou . Maria SIORBA qui a étudié la communication et les Beaux Arts en Grèce s’intéresse moins à l’individu qu’à l’espèce humaine mise en valeur dans le dialogue inédit entre paysage et corps.Elle semble partager cette préoccupation avec l’Italienne Diambra MARIANI , possédant un master de l’IED de Venise. Son titre Faire un univers nous confirme cette tendance , pour le construire ses tirages entrent en résonance avec ses poèmes. Parmi les deux portfolios les plus originaux dans cette quête celui de la française Lyoz BANDIE diplômée de Saint Luc et des Beaux Arts de Liège lie intelligemment corps et nom en déclinant dans son installation les différentes occurrences de La peau du prénom . D’origine portugaise, Lucas DE JESUS MARQUES met en oeuvre plusieurs séries exploitant l’IA pour conte-balancer après enquête les manques de son album de famille. Dans Genalogig IA ce diplômé des Gobelins se donne artificiellement des ascendants sur trois générations en pariant sur la probabilité des airs de famille.

Autodidacte Jérémy APPERT illustre les jeux d’eau de jeunes marseillais dans l’atmosphère transparente des gouttelettes issues de la vague méditerranéenne. L’Italien Glauco CANALIS ayant étudié à Londres s’attache dans The Darker the Night, the Brighter the Stars à de jeunes habitants d’un quartier napolitain dont il portraiture les attitudes de groupe en noirs et blancs contrastés et en couleur vives. Deux ensembles sont consacrés à la communauté LGBTQ invisibilisée. Tom KLEINBERG documente dans Forgotten in the Dark les ballrooms queer. L’Irlandaise Audrey BLUE rend de façon plus sensible et intime ce qui peut faire douleur (This Hurt) dans l’exclusion sociale.

L’une des installations les plus abouties en ce domaine est dûe à Luna MAHOUX. Bien que française son cursus a débuté à La Cambre, s’est pousuivi à Paris Cergy avant d’accéder à un post-master au Fresnoy. Photos, vidéos et entretiens témoignent de l’implantation d’une danse africaine, le logobi et du groupe qui la défend en France. Originaire de Côte d’Ivoire il a été adopté par des jeunes afro-descendants de banlieues parisiennes.

Un ensemble de sept artistes issus de différents pays témoignent de façon novatrice de situations idéologiques et de tensions sociales en résultant . La finlandaise Utu Tuuli JUSSILA, diplômée de l’Université d’Helsinki réactive et installe des séquences et boucles tirées d’une vidéo surveillance domestique de sa grand-mère atteinte d Alzheimer. L’Ukainienne de Kiev Lisa BUKREYEVA du collectif Buning Eyes procède dans Dont Look Back at the Pain of Others à la réappropriation de vidéos de gens ordinaires. Grâce à des tirages contacts elle opère des capteurs d’écran en négatif. Ce sont aussi d autres formes de contact du corps entier des Rebels modernes que Natalia GODEK reporte sur des tissus préparés avec un support chimique de ce procédé ancien le cyanotype. Autre artiste du focus ukrainien Dima TOLKACHOV expose trois séries qui constituent des métaphores de la guerre. Boats/Faces/Safe Threat montrent des horizons vides comme menaces potentielles, une exposition à Kyev de chars russes détruits et elle donne une identité collective à cette guerre à travers des visages clichés sur les murs.

A époque des fake news généralisées et du paradoxal concept de post-vérité deux exposants titrent leur participation en se référant à la vérité en images. Amin YOUSEFI , iranien exilé à Londres et diplômé de l’Université de Westminster propose Eyes Dazzle as They Search for the Truth. Il témoigne des répressions dans son pays en établissant des focus sur des individus dans des foules de manifestants tirées des archives de la révolution islamique. Masha WYSOCKA, polonaise née en URSS,est diplômée de Science Po Strasbourg et du London College of Communication. Elle travaille un fonds d’archives hongroises témoignant des activités de Radio Free Europe via des vues amateurs. Truth Stranger Than Fiction formule l’appartenance de ces travaux au courant des fictions documentaires.

L’installation la plus réussie est l’oeuvre de la biélorusse ayant étudié à Fotografika Sasha VELICHKO dans State of Denial . Elle y donne un point de vue glaçant sur la dictature et ses arrestations arbitraires dans son pays. Pour ce faire elle met en batterie différentes typologies d’images dont certaines produites par l’IA qui entrent en déflagration avec de terribles petits témoignages écrits des victimes.

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++INFO++
Circulation(s) Festival de la jeune photographie européenne 14e édition Du 06 avril au 02 juin 2024 CENTQUATRE-PARIS 5 rue Curial, 75019 Paris Exposition du mercredi au dimanche, de 14h à 19h

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