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Constellation quotidienne

Catalogue Anthony Cudahy

Couverture
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Anthony Cudahy est un jeune peintre newyorkais, dont l’œuvre, représentée en France par la galerie Semiose, a été exposée l’été dernier au Musée des Beaux-arts de Dole. S’il arrive qu’un catalogue ne soit que la trace d’une exposition, Conversation est un magnifique ouvrage bilingue (français/anglais) qui permet d’aborder cette peinture autobiographique douce et exigeante.

Voir en ligne : http://www.printsthingsandbooks.com...

Dès le rabat de la couverture, c’est Ian with St Lucy eyes qui nous accueille, les yeux presque détachés du visage et portés à la main en petite branche fleurie comme chez Francesco del Cossa. Que faire de cette icône inattendue ? Penser peut-être au regard comme à un paravent, un regard devant le regard, un regard qui est désormais celui de la main, d’où, l’idée de regarder le monde en artiste, en photographe ou en peintre, de se raconter à travers un réseau de figures quotidiennes, de liens mais aussi de figures tutélaires propre à l’histoire de l’art qui façonnent les imaginaires et les pratiques créatrices.

La peinture de Cudahy est autobiographique, on y découvre beaucoup de portraits. Il y a d’abord son mari Ian Lewandowski, le visage cadré de près, le torse dénudé dans son activité de photographe, mais aussi leur chien Seneca furetant à l’atelier ou encore d’autres amis artistes ou non, comme la sculptrice Jenna Beasley, ou encore, Miguel, Colin et Josh. La peinture de Cudahy comporte également beaucoup d’autoportraits.

Le catalogue est structuré par la notion de conversation, enchaînant les échanges avec Ian Lewandowski, Martin Bethenod, Jenna Gribbon ou encore sous forme d’essais par Marc Donnadieu et Samuel Monier, approuvant l’idée que toute autobiographie est un dialogue avec les autres, à commencer chez Cudahy, avec l’histoire de l’art, les collections du musée de Dole, mais pas seulement, l’œuvre du jeune peintre étant fortement référentielle. Chaque regard retrouvera dans l’œuvre de Cudahy, les souvenirs qui lui viennent, pour moi, ce sont d’abord la Sécession viennoise et l’école de Pont-Aven qui remontent à travers les gestes, les textures, la posture des corps, les teintes chamarrées des peaux, les ornements des gravures. Explicitement, les titres des œuvres présentées dans le catalogue s’en réfèrent à Bosch, Bruegel et Hockney.

Cudahy multiplie les techniques, confrontant sans jamais les mêler dans une même œuvre, peinture à l’huile, à la gouache, dessins aux crayons de couleurs et lithographies. Son univers est tout en nuances, dégage un sentiment enveloppant mêlé de douceur et de mélancolie, jalonné de tensions érotiques. Ce sont des notes de turquoise qui percent les roses chauds, d’autres vives et jaunes qui achèvent les gris colorés, et puis ces corps souples et nus, disparates ou jumeaux, toujours aimants.

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++INFO++
Anthony Cudahy, Conversation, Musée des Beaux-arts de Dole, Semiose éditions, mai 2023 29 euros

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