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Animaux en majesté et humains en souffrance sculptés par Johan Creten

« Jouer avec le feu » au Musée des Beaux Arts d’Orléans

La Grande Sauterelle
La Grande Sauterelle
La ville d’Orléans organise depuis le début avril et jusqu‘à l‘été 2025 une exposition de Johan Creten au Musée des Beaux Arts et dans toute la cité « Jouer avec le feu » titre qui se réfère à sa technique préférée la céramique. Sa carrière internationale est due à sa représentation par Perrotin, à New York, Paris et Hong Kong et la Galerie Almine Rech à Bruxelles. L‘invitation carte blanche faite par Olivia Voisin conservatrice du Musée constitue donc un évènement rare, couvrant 40 ans de production.

Voir en ligne : https://www.johancreten.com/fr/about

Johan Creten, né en 1963 en Belgique, vit et travaille à Paris. Il s‘est initié au dessin et la sculpture à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Gand . C’est à cette époque qu’il a décidé d’utiliser l‘atelier de céramique délaissé aux Beaux-Arts ce qui correspondait à la quasi absence de cette pratique sur la scène artistique des années 1980, où régnait le minimalisme et l’art conceptuel. Il a été ainsi l‘un des précurseurs de la céramique dans l’art contemporain aux côtés de Thomas Schütte et Lucio Fontana. Pour perfectionner sa technique de 2004 à 2007, il a bénéficié d’une résidence à la Manufacture nationale de Sèvres.

Le Musée orléanais accueille 73 dessins et 31 sculptures de petit format entamant un dialogue aussi inédit que puissant avec la collection permanente tandis que 11 sculptures monumentales sont disséminées dans 8 sites de l’espace public.

L’humain est souvent en position difficile ou douloureuse dans ces sculptures. Face à l’ESAD , La double colonne de la Mamma Morta, montre un corps de femme au buste meurtri, tandis que le socle est constitué d’un corps d’homme accroupi. Dans la cour de l’Hôtel Cabu, la plus petite des sculptures du parcours en ville laisse observer un homme recroquevillé sur lui-même, le dos rond, la bouche ouverte, comme sur un cri tu.

Un bronze patiné partiellement doré à la feuille d’or, ensevelit l’homme représenté que l’artiste raconte issu d’une hallucination au Mexique. La fièvre lui ayant alors donné l’impression que sa gorge aux amygdales enflammées était semblable aux nappes pourrissantes d’un dattier, d’où le titre Why does Strange Fruit always look so sweet ? Ces formes proliférantes se retrouvent à l’intérieur de l’institution dans une oeuvre plus petite elles évoquent une Odore di femmina. Plus violentes encore trois têtes polychromes décapitées sont allongées dans de grands paniers d’osier tressés par des vanniers gitans.

Contrairement aux gigantesques bestioles manufacturées pop par ce faiseur courtisan d’Orlinsky chaque animal sculpté par Johan Creten a son identité propre , héritée d’un choix technique singulier et dotée d’une histoire originale.

Leur généalogie est retracée par les dessins inédits et études préparatoires qui sont exposés pour la première fois, révélant ses recherches, ses obsessions comme les mouches et les sauterelles.

Deux sculptures ont été créées pour le lieu urbain où elles sont déposées. La Grande Sauterelle est considérée par l’auteur comme un autoportrait de jeunesse et un symbole de la vigueur de la nature.La Mouche Morte a été conçue à la fin du Covid-19, réflexion sur la finitude de notre propre condition, ses pattes ont été remplacées par deux jambes humaines. Sur le dos sa position met en avant son abdomen proéminent.

La Chauve-souris fait objet de deux versions, monumentale en bronze elle est disposée devant la cathédrale pour dialoguer avec ses gargouilles, moyenne de taille en porcelaine polychrome dans les salles muséales ses interlocutrices sont les toiles d’animaux peints.

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