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Echos, Patrick Neu : des œuvres, délicates et puissantes qui résonnent avec l’esprit du lieu

Patrick Neu
Patrick Neu
Patrick Neu développe une pratique artistique liée au temps. Il accorde une importance à la méticulosité des gestes et prête une attention à la fragilité des matériaux choisis pour la dextérité et la minutie qu’ils nécessitent. Il prend soin de travailler en relation avec la nature et les cycle des saisons. Ses œuvres évoquent le cycle de la vie et de la mort ainsi que la renaissance.

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Invité à l’abbaye de Maubuisson, il a créé des œuvres qui appellent à la mémoire et au passage du temps. Celles-ci mènent à une concentration, à une réflexion et à une modestie vis-à-vis de ce lieu et des personnes qui l’ont habité.

Dans la salle du parloir, Patrick Neu présente des œuvres plus anciennes qui rentrent en résonnance les unes avec les autres, une armure en cristal et une camisole de force en ailes d’abeilles. La première, sculpture d’une armure, tel un gisant, présente une tension entre l’idée de protection et le matériau, fragile. « C’est à la fois la pureté, la fragilité, mais aussi le danger, puisque c’est un matériau très coupant. J’aime cette contradiction. » précise-t-il. La camisole de force est réalisée à l’aide d’un matériau insolite, une multitude d’ailes d’abeilles mortes et récupérées auprès d’apiculteurs. Une à une, Patrick Neu les a soigneusement collées les unes aux autres et fixées à l’aide d’un vernis. En détournant l’usage des matériaux, il invite à les voir autrement. La puissance de ses œuvres tient de la résistance et de la patience qu’il éprouvé pour les créer.

Sous la voûte du passage aux champs, un voile de cheveux tissés long de 80 cm par 500 cm, nécessite d’aiguiser son regard pour le découvrir. Patrick Neu rend hommage aux moniales qui après des mois de noviciat prononçaient leur vœu et « prenaient le voile ». À partir de cheveux récoltés auprès de femmes, de ses amies ou d’anonymes de tous horizon, il a patiemment tissé ce voilage d’une extrême finesse. Celui-ci fait référence au travail des religieuses de cette ancienne abbaye, qui prenaient soin de travailler quotidiennement à leur ouvrage. Cette installation délicate suggère également à la fois un appel vers l’extérieur et un renfermement à l’intérieur.

Cette quête de perception des œuvres se retrouve dans la salle des religieuses. Un ensemble de meubles-vitrines, disposées à différents endroits sollicitent l’attention du visiteur. Dessus se révèlent des scènes bibliques ou historiques tirées de tableaux de grands maîtres anciens, tels que Bosch ou Dürer. Pour les réaliser, Patrick Neu a passé au noir de fumée l’intérieur des vitrines sur lesquelles il, est enlevé, à l’aide de pinceaux très fins, de pointes ou encore de bouts de carton, la matière, pour les dessiner. Ces dessins font aussi référence aux sept péchés capitaux (luxure, envie, orgueil, etc.) et conduisent à un déplacement pour les saisir et percevoir leur finesse. Ces scènes apparaissent et disparaissent en fonction de la posture des visiteurs.

Ces œuvres renvoient également au phénomène de survivance des souvenirs. « Le souvenir de ce qu’on a vu est plus fort que la chose elle-même. Il arrive, on ne sait pas pourquoi, qu’une odeur, un son nous rappellent quelque chose. Mais comme la mémoire fuit, j’ai utilisé les verres qui permettent de l’emprisonner. » précise l’artiste. Cette salle parait alors habitée par des présences fantomatiques.

Pour finir, Patrick Neu présente dans les anciennes latrines, une œuvre qui rend perceptible la salle voûtée du chapitre. À l’aide d’une modélisation 3D, il a dupliqué l’architecture de cette salle en bois de tilleul à l’échelle 1/10. Cette maquette a ensuite accueilli une colonie d’abeilles mellifères. Comme dans une ruche, celles-ci l’ont habité et la structure s’est alors remplie d’alvéoles en cire, couvertes de propolis. Un parallèle est établi entre la vie des abeilles et la vie de l’abbaye. Cette sculpture interroge la pérennité de l’œuvre et révèle le travail de ces insectes, architectes. Organique, cette maquette convoque les sens du goût et du toucher. Elle incite à prendre une posture contemplative et admirative de cette architecture recomposée.

Ainsi, Patrick Neu propose des échos subtils en harmonie à la puissance des couches d’histoires que contient l’abbaye. Ses œuvres résonnent avec l’esprit de ce lieu et font resurgir des histoires, celles de personnes qui y ont vécu et qui l’ont habité. Cette exposition, ode au temps qui passe incite à ouvrir ses yeux pour saisir l’extrême minutie du travail de l’artiste.

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